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En congrès, la Confédération paysanne cherche sa place

Le congrès a réuni environ 300 participants

Dans un contexte médiatique et politique « défavorable », la Confédération paysanne veut réaffirmer sa ligne : une troisième voie, celle de la défense de l’élevage et de protection de l’environnement.

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Entre les bonnets jaunes de la Coordination rurale et les casquettes vertes de la FNSEA, les drapeaux couleur moutarde de la Confédération paysanne sont-ils visibles ? Le syndicat en a fait lui-même le constat à son congrès à Langres (Haute-Marne), le 17 avril 2025. « Nous avons besoin d’une identité visuelle forte », assume la Confédération paysanne dans son rapport d’orientations.

« Nous nous sommes battus sur le revenu »

Une identité visuelle, pour réaffirmer un projet qui peine à s’imposer sur la scène nationale, de l’aveu de l’organisation. Au congrès, c’est l’équilibre tenu du syndicat qui « n’oppose pas agriculture et environnement » que ses représentants veulent réaffirmer. Alors que la colère agricole de cette dernière année s’est en partie cristallisée par le biais syndical autour des normes environnementales, cette position est « caricaturée » par les détracteurs de la Confédération paysanne, estime Véronique Marchesseau, secrétaire nationale de l’organisation syndicale. « Les autres syndicats mettent beaucoup en avant le côté environnement pour dire ‘[la Confédération paysanne], ce ne sont que des écolos, alors que nous nous sommes vachement battus sur le revenu ».

Le syndicat qui multiplie les actions de désobéissance civiles vise régulièrement la grande distribution et les industriels en réclamant une meilleure répartition de la valeur et des prix planchers. Mais certaines actions co-construites avec d’autres organisations écologistes, comme la manifestation contre les bassines de Sainte-Soline, « n’ont pas été comprises par une partie du monde agricole », déplore la Confédération paysanne dans son rapport d’orientation. Des alliances qui, même en interne, font état d’un « bilan souvent mitigé ».

Trouver sa propre voie

Pris en étau par « les idéologies funestes antispécistes qui gangrènent les mouvements de gauche » et par « la progression des idées d’extrême droite au sien même de certains syndicats agricoles », le syndicat veut réaffirmer sa ligne : un attachement à un « élevage paysan » même s’il a le sentiment de se « cogner à un plafond de verre » auprès des agriculteurs.

Le « plafond de verre » s’illustre par le résultat des élections professionnelles de janvier avec une quasi-stabilité du score de la Confédération paysanne (20,49 %, + 0,45 point par rapport à 2019), qui n’a pas réussi à convaincre les déçus de la FNSEA et de Jeunes Agriculteurs (qui a perdu près de 10 points en cinq ans).

Mais Laurence Marandola, porte parole du syndicat, veut surtout retenir la progression au niveau des chambres. La Confédération paysanne a décroché trois présidences « fruit d’un long combat jusqu’aux derniers moments » : l’Ardèche, la Corse et la Guyane, sans oublier Mayotte, où le syndicat est toujours à sa tête en attendant les élections décalées à l’année prochaine à cause du cyclone Chido. Surtout, Laurence Marandola fait état d’une hausse de « 10 % d’adhésion ces deux dernières années ».

Pour le syndicat, pas question de modifier sa méthode : allier la « négociation institutionnelle », dans les organisations para-agricoles et auprès du monde politique et l’action syndicale, qui passe par « la désobéissance civile et les actions de dénonciation ».

Réussir à « parler à tous les agriculteurs »

Face « aux difficultés que nous avons à apparaître dans le paysage médiatique », la Confédération paysanne veut travailler sur « la stratégie de communication » écrit-elle dans son rapport d’orientation.

Sur le point de terminer de son mandat, Laurence Marandola veut asseoir la volonté du syndicat à « parler à tous les agriculteurs », avec une attention particulière à « la défense de l’élevage paysan » et à faire des enjeux locaux une « priorité » en étant présent auprès des instances locales. Cela passe notamment, par le maintien et la création d’abattoirs. Celui situé à quelques kilomètres du lieu du congrès ouvert en décembre 2024 à Chaumont est pris pour exemple. Pour le représentant de la Haute-Marne, Hippolyte Babouillard, c’est une victoire pour tous les éleveurs du coin.

À travers ces luttes locales, le syndicat veut « parler au plus grand nombre ». Son objectif est de se battre « contre les vrais ennemis » de l’agriculture qui sont selon lui : « les profiteurs de crise, l’agro-industrie, les firmes, les financiers », égraine le syndicat.

Un programme ambitieux d’équilibriste sur une ligne « qui n’a jamais bougé », dont devra s’emparer le nouveau comité national de la Confédération paysanne. Il sera élu par les nouveaux 64 membres de l’équipe nationale le 15 mai prochain.

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